Amendement 159 : Une menace pour la diversité du soin psychique
Professionnelle et citoyenne engagée dans la santé mentale, j’affirme mon opposition totale et déterminée à l’amendement 159 du PLFSS 2026. Cet amendement menace la pluralité des approches psychothérapeutiques et attaque particulièrement la psychanalyse, discipline qui depuis plus d’un siècle a démontré sa capacité unique à comprendre, transformer et sauver des vies psychiques.
En tant que chercheuse en neuropsychanalyse au Brain Institute, je travaille sur l’impact concret de la psychanalyse sur le cerveau et les mécanismes inconscients qui régulent nos émotions, nos comportements et nos relations.
Les preuves sont claires, la psychanalyse n’est pas un luxe, elle est vitale pour le soin psychique profond et durable.
La psychanalyse sauve des vies !
Elle permet :
- d’explorer les causes profondes de la souffrance psychique, souvent invisibles aux approches purement symptomatiques, causes de dépressions sévères, anxiétés chroniques et conduites suicidaires ;
- de traiter les traumatismes précoces et complexes, en transformant durablement la structure psychique et les répétitions comportementales ;
- de prévenir les rechutes dans les pathologies chroniques, en offrant une compréhension approfondie des conflits intrapsychiques et de la dynamique inconsciente.
Des études cliniques et méta analyses confirment l’efficacité des psychothérapies analytiques, avec des effets durables et supérieurs à long terme sur les troubles dépressifs et anxieux graves.
Le pluralisme thérapeutique est indispensable !
Le soin psychique est un écosystème car chaque approche a sa valeur.
- La psychanalyse offre une profondeur irremplaçable, explorant l’inconscient et révélant les patterns répétitifs à l’origine des souffrances chroniques ;
- Les TCC fournissent des outils pratiques pour réguler émotions et comportements ;
- La psychiatrie médicale intervient lorsque le biologique menace la survie.
Supprimer ou restreindre la psychanalyse, c’est imposer une vision uniformisée et réductrice, incapable de répondre à la singularité de chaque patient. C’est priver des vies d’un soin durable et transformateur.
Quelques preuves neuroscientifiques et impact psychique
Les recherches en neuroimagerie montrent que la psychanalyse restructure les réseaux cérébraux impliqués dans la régulation émotionnelle, la mémoire autobiographique et la cohérence narrative .L’écoute analytique et le travail sur les conflits inconscients modulent l’amygdale et le cortex préfrontal, favorisant résilience psychique et prévention du suicide.
La psychanalyse permet au patient de relier passé et présent, conscience et inconscient, et de trouver des solutions singulières à ses conflits internes. Elle est un pilier scientifique, clinique et éthique du soin psychique moderne.
Impact éthique et sociétal indéniable
Marginaliser la psychanalyse aurait des conséquences directement mesurables :
- Accroissement des inégalités d’accès aux soins, surtout pour les patients souffrant de troubles complexes ou chroniques ;
- Dégradation de la qualité du soin psychique, avec des approches standardisées incapables de répondre à la singularité de chaque individu ;
- Atteinte à l’autonomie des thérapeutes, empêchés de choisir les outils les plus adaptés aux besoins spécifiques de leurs patients.
Mon appel:
J’appelle tous les législateurs à reconnaître la valeur irremplaçable de la psychanalyse et la nécessité du pluralismethérapeutique. La santé mentale ne se réduit pas à un chiffre budgétaire ni à une norme administrative. Elle est vivante, singulière et complexe.
J’invite tous les citoyens, professionnels de santé, patients et défenseurs du soin psychique à se mobiliser : écrire aux sénateurs, signer la pétition, partager cette cause.
Défendre la psychanalyse et la pluralité des soins psychiques, c’est défendre des vies!
Écrivez aux sénateurs : https://lnkd.in/ehGQNNSz
Signez et diffusez la pétition du SNP : https://c.org/TjssCYNRnq
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Références
Fischer-Kern M. et collaborateurs, 2018, Neuroscience & Biobehavioral Reviews, “Neurobiological effects of psychoanalytic therapy”
Fonagy P. et collaborateurs, 2002, Affect Regulation, Mentalization, and the Development of the Self
Freud S., 1917, Introduction à la psychanalyse
Freud S., 1923, Le moi et le ça
Leichsenring F. et collaborateurs, 2014, The Lancet Psychiatry, “Long-term effectiveness of psychodynamic psychotherapy”
Shedler J., 2010, The Efficacy of Psychodynamic Psychotherapy

Flora Toumi
Psychanalyste, chercheuse Brain Institute Paris et docteure en philosophie
Flora Toumi est docteure en philosophie, neuropsychanalyste et sexologue clinicienne, spécialisée dans la résilience et le syndrome de stress post-traumatique (SSPT / PTSD). Elle accompagne aussi bien des civils que des militaires des forces spéciales françaises et des légionnaires, à travers une approche intégrative alliant hypnose ericksonienne, EMDR et psychanalyse.
Chercheuse au Brain Institute de Paris, elle échange régulièrement avec le neuropsychiatre Boris Cyrulnik sur les processus de reconstruction psychique.
Flora Toumi a également conçu une méthode innovante de prévention du SSPT/PTSD et fondé le premier annuaire des psychanalystes de France. Son travail relie science, humanité et philosophie dans une quête d’unité entre le corps, l’âme et la pensée.